Mais qu’il fut long ce chemin… Aujourd’hui le temps de regarder un peu en arrière.
En 99, nous étions 9…rêve Lionel Baize, le chef de projet CNES. Puis 15, puis trente. Aujourd’hui plus de 120 personnes constituent le projet, autant d’individus qui sont passionnés par les heures vécues depuis le lancement de Jules Verne, le 9 mars dernier. Une date toute proche mais qui para?t déjà lointaine, car les journées passées à guider, contr?ler mais aussi écouter l’ATV se sont succédées, rythmées par les man?uvres et les télécommandes, les inquiétudes et les soulagements, les briefings et les débriefings…
Et enfin, on l’a vu…
Difficile d’expliquer l’émotion qui a parcouru les trois salles de l’ATV-CC lors de la première journée de démonstration du 29 mars. Voir poindre, seulement poindre, une toute petite forme, savoir que c’était elle, ou plut?t lui, et que bient?t, il s’offrirait davantage aux regards, fut un moment de grande intensité.
L’émotion, les regards un peu embués chez les dames, les gorges serrées chez les hommes (bien s?r), ce fut pour la deuxième journée de démonstration, le 31 mars. D’abord parce que l’enjeu était énorme. Il fallait approcher au plus près de l’ISS. Il fallait réussir, et il fallait que Jules Verne aide le projet à réussir. Et le rendez vous fut absolument magnifique… Tout petit d’abord, puis grossissant inéluctablement, pour finalement se dessiner nettement sur le grand écran de l’ATV-CC, blanc, gigantesque, pur et magnifique….
Un respectueux silence pour cette grosse machine, si lourde et si légère, qui tient tant ses promesses qu’elle force le respect de ceux qui la gouvernent… Des flashes qui crépitent pour photographier la vedette, des exclamations, le temps pour ces ingénieurs hautement qualifiés de redevenir des enfants, spectateurs épatés, auditoire totalement conquis et submergé par une sorte d’ébahissement, tant le moment dépasse largement les attentes…
Et puis la vie, un instant suspendue à cette apparition phénoménale, a repris son cours dans le centre de contr?le. Les doigts qui courent sur les claviers, les calculs de vérification à reprendre, les échanges entre Toulouse, Moscou, Houston et la Station spatiale internationale…
L’équipage de la station qui participe à l’enthousiasme général et envoie des photos et des films…Depuis les échanges vont bon train et chaque jour amène son lot de fichiers, de films et de photos.
Malgré tout, un changement imperceptible est intervenu : les traits sont toujours un peu tirés, car tourner en 3X8 n’est pas chose facile, mais les sourires sont là, une certaine sérénité accompagne désormais les conversations, une espèce de certitude que les choses peuvent maintenant suivre leur cours… . L’amarrage, c’est demain déjà…
Oubliées les réunions préparatoires, les longs et besogneux tests indispensables, les discussions tardives, les tonnes de notes techniques, de faxes, d’e-mails…
Demain, les hommes et les femmes du centre de contr?le ATV ont rendez-vous avec Jules Verne. Et la soirée sera belle…
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